Balafons de glace

Une trace serpente à travers l’archipel, cordon ombilical entre bateau et village.
Les îles n’existent plus : il y a seulement une croûte terrestre qui émerge de-ci de-là
surgissant de la terre-mer gelée.
Avec des chaos à l’endroit où
ces émergences se resserrent et font aller plus fort le courant.
Parce qu’en dessous, le
mouvement continue.

– Temps lumineux, sec, froid : ça t’aspire les yeux et les pommettes –

J’ai trouvé un ballon jaune,
Sur la banquise de mer,
je m’en suis fabriquée
des mailloches
pour mes balafons de glace,
pour mes balafons de gla-ace…

Chaque jour les marées font
danser la glace, très lentement,
et la trace de ces danses infiniment suspendues se découvre au matin
à la rive-frontière :
les marées soulèvent des morceaux d’elles-mêmes, et ces morceaux sont des ailes.
À ma grande joie,
sous mes doigts,
elles tintent comme des cousines africaines.

– Ah !
Mais la glace est salée ! –

Dans la baie de Disko
Chaque jour tu
meures de beauté
Dans la baie de Disko
Chaque matin tu
renaîs de tes cendres

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