La terre est un tambour

(Questions karstiques)

Roche calcaire, fille de la vie : 
un sacré paquet d’os ! Des tas de coquilles, la structure du corail, la colonne du corail. Combien d’additions ? Combien d’unités entassées là pour accoucher de cette haute falaise ?

L’eau a roulé ses ossements sur des milliers de temps, à contre-temps. Le courant a créé des colonies qui se sont oubliées là, puis fondues les unes aux autres.
Et l’eau s’en est allée, nous laissant seuls sur le vaisseau.

Pour tuer le temps nous avons forcé l’entrée, ou plutôt, nous nous sommes faufilés par une sortie de rivière disparue qui coulait à contre-sens. Et puis mon pas comme un tambour, ma densité comme une question. Ma carcasse résonne avec celles comprises dans le roc : sommes-nous si friables ? Combien de lunes faut-il pour se souder si solidement à d’autres os ?

Boum, boum. Et mon pas, encore, dans le ventre du tambour. Cette fois, il réveille l’oreille qui mesure maintenant des centaines de métres, des kilomètres, dans la direction horizontale, vers le bas, très bas, encore plus loin que les restes d’écho. Et même si bas, si sombre, si dure, La matière continue sa mutation. Tranquillement, très tranquillement, avec parfois des ruptures, un vacarme qui passe comme un frôlement d’ailes.

Des nouvelles cavités. Des cavités remplies par le mélange du sable et des arbres. L’eau taille sa route en forme de labyrinthe.
Et nous, plus tard, dans son lit : 
Et nous, descendant(s),
là.

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